Neo Dan 2024


Fidèle à un attachement profond pour ses racines, Obou Gbais mêle, au fil de ses expositions, les marqueurs forts de la culture Dan à une touche résolument moderne, pop et séduisante. Avec Neo Dan, les traits du masque Dan se voient animés d’une énergie nouvelle, d’une grande vitalité.

Obou rend hommage à l’idéal du sculpteur, qui, méticuleusement, ajuste chaque ornement sur la pièce qu’il confectionne et cherche ainsi à satisfaire sa quête de perfection. Inspiré par les femmes Dan, réputées pour la délicatesse de leurs traits, l’impossibilité de retranscrire la vitalité d’un visage le renvoie pourtant à la vanité de sa quête.
Le masque s’affirme à mesure que l’artiste murit. Plus assuré, plus expressif, moins figé, il prend vie, et se nourrit des expressions et des passions de celui qui le porte. Ce masque Dan, dont la fonction originelle n’est ni d’effrayer ni de rendre justice, mais bien d’accueillir et souvent d’émerveiller, trouve un nouvel élan dans cette expressivité qui l’anime. La répétition des motifs géométriques, hommage à son père, professeur de mathématiques, accompagne les plis des “sapes”, comme il se plaît à les appeler, du mouvement troublant d’une illusion d’optique.

A l’instar de ce masque festif, les toiles sont une invitation à une danse plus contemporaine. Jonglant constamment entre ses racines traditionnelles et son implication dans le développement d’une culture contemporaine ivoirienne et métissée, Obou mélange spontanément différentes sources d’inspiration.

Car Obou est partout. Sur les murs et sur les réseaux, dans les quartiers et dans les musées. Cette accessibilité, portée en étendard, sa popularité, vont de pair avec son identité plastique. Peinture, sculpture, dessin, musique : chaque support est l’occasion pour lui d’être un passeur, entre la culture qui l’a forgé et celle qu’il a adoptée.

Ainsi animé, le masque navigue finalement entre sa capacité à retranscrire une émotion et le risque de verser dans la caricature. La spontanéité et l’expressivité, si caractéristiques du travail d’Obou, servent alors son désir de traduire l’intensité de la vie intérieure, de faire transparaitre des émotions puissantes à travers des expressions marquées, comme si, finalement, les masques tombaient.

En s’appropriant les codes du portrait néoclassique européen, Obou s’inscrit dans une longue tradition de peintres dont la pratique était dictée par la retenue des émotions et le rejet de la représentation des passions de l’âme. L’artiste, pourtant, se défait des limites inhérentes à sa propre pratique, et exploite toute la liberté que lui confère l’humanisation du masque. En réinjectant une essence de vie dans ses traits, ce n’est plus un mais mille masques, et autant d’émotions qui s’en échappent.

Pousser l’expressivité jusqu’à la déformation des traits, jusqu’à la grimace, confère au masque un nouveau pouvoir : l’éveil à soi. Grâce à l’étrangeté de ces figures hautes en couleur, Obou joue avec l’empathie naturelle du spectateur. Le masque est proche, si proche que par mimétisme, celui qui le regarde reproduit instinctivement la déformation de cette bouche, le plissement de cet œil, le froncement de ce nez. La relation ainsi établie, les “grimasques” ne sont plus seulement la représentation de l’intensité des passions. Elles révèlent le pouvoir communicationnel du visage par la richesse de ses expressions, de ses variations et de ses déformations.

Immersive, l’exposition Neo Dan promène le public d’émotions en émotions, témoin de la virtuosité de ce peintre haut en couleurs.

Picnic by Obou 2023

Au cœur d'un monde agité et frénétique, Obou nous convie à une pause, à plonger dans son univers de rencontres et de jeux de couleurs. Mais que représente réellement un pique-nique ? Bien plus qu'un simple repas en plein air, il incarne un moment de décélération, de sérénité et de plaisir. Le pique-nique offre une précieuse évasion du quotidien, une connexion apaisante avec la nature. Il devient le lieu de rassemblement par excellence, où nous retrouvons nos proches pour rire, échanger et célébrer la vie ensemble. 
Cette signification profonde du pique-nique trouve un écho vibrant dans l'art d'Obou. Ses œuvres se dévoilent comme un patchwork multicolore qui se déploie devant nous, nous entraînant dans un univers chatoyant rempli de rencontres fascinantes. Chaque coup de pinceau raconte une histoire, chaque tableau réveille des émotions. Explorez les couleurs vives et plongez dans les subtilités des détails. Préparez-vous à embarquer pour un voyage dans ses œuvres où hommes et femmes masqués vous transporteront à travers des lieux et des époques différentes.

Le Bleu d'Obou 2022


Dans la culture Dan, le bleu a son importance - le bleu sur un masque Dan symbolise la royauté. Le masque Dan est emblématique de la tradition du peuple Yacouba, dont Obou est originaire. Il en fait sa marque de fabrique et l’intègre dans toutes ses œuvres. La couleur bleue apparaît aussi dans le boubou traditionnel Dan qui est un symbole sacré chez les Yacouba.

Dans « Le Bleu d’Obou », l’artiste rend hommage à ses ancêtres qui utilisaient au quotidien cette teinture bleue. Il affirme son identité culturelle et son attachement pour sa terre natale. L’artiste va avec enthousiasme jusqu’à Adjamé, le plus grand marché à ciel ouvert au centre-ville d’Abidjan, pour trouver son médium bleu qui permet cette connexion créative et devient le sujet de sa conversation artistique à Hoop Galerie.

Man Dan 2022

“Man Dan” apparaît à la fois comme un approfondissement, un aboutissement dans le travail d’Obou, et comme le terrain d’expérimentation d’une pensée en effervescence vers de nouveaux modes de représentation. Le terme “Man” fait référence aussi bien à “l’homme” en Allemand qu’au nom de la ville dont Obou est originaire. Man réunit les deux identités de l’artiste : à la fois plasticien installé en Allemagne et porte-parole de sa culture Dan. “Man Dan”, c’est Obou et ses multiples facettes : un retour aux sources, une réflexion critique sur les sociétés Ivoirienne et Européenne, et un regard neuf sur l’avenir de la création artistique.
 
Entre la Côte d’Ivoire et l’Allemagne, Obou Gbais nous invite à découvrir deux mondes et son art crée une passerelle entre ces deux univers. Frappé par l’architecture à la fois rectiligne et imposante de Friedenau (Berlin), si loin des courbes et de l’animation du quartier de Locodjro (Abidjan), Obou met l’accent sur les différences structurelles qui révèlent une histoire et des mentalités distinctes.
 
Au milieu de ses paysages apparait toujours le masque Dan, hommage à sa terre natale et aux traditions ancestrales. En réintégrant ainsi le masque dans la sphère contemporaine, Obou lui redonne un sens au cœur de la société Ivoirienne et lui confère une aura positive et festive.
 
La double appartenance du “Man Dan” ouvre également une réflexion sociale et culturelle. Confronté aux musées européens, Obou y découvre un terreau fertile d’inspiration reflétant son mélange de cultures, perceptible à travers ses interprétations des chefs-d’œuvre de grands maîtres, parmi lesquels Klimt et Delacroix. Découvrir les masques Africains dans les musées Européens ouvre également de nouvelles perspectives dans la réflexion d’Obou. L’artiste se penche ainsi sur le rôle fondamental de ces masques dans la construction d’une communauté et l’importance de leur appropriation par les sociétés Africaines. 
 
Enfin, touché par la conscience écologique de la population Allemande, Obou se veut le porte-parole de cette dynamique sur le sol Ivoirien. A travers ses masques de plastique recyclé, l’artiste modernise une pratique ancestrale à partir de matériaux de récupération et y intègre les problématiques environnementales actuelles.
 
“Man Dan” agit donc à la manière d’un narrateur discret, naviguant à travers les époques et les continents, témoin actif de deux réalités qui s’influencent et se confrontent dans un même temps. ″Man Dan″ est l’incarnation d’Obou auteur, partageant l’histoire de cet enfant du pays qui, tout en faisant découvrir Berlin aux Ivoiriens, jette une nouvelle lumière sur leur propre réalité.